Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain Lance un Appel à candidature Ecole doctorale Les objets religieux – El5edma.tn
Contexte :
TUNIS, 9-13 décembre 2019
Les observateurs s’accordent sur l’importance qu’ont acquis les faits religieux et sur la centralité de leur gestion dans les sociétés maghrébines depuis les années 1980. Qu’il s’agisse du point de vue politique, avec les reconfigurations des partis au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Libye, de celui des normes et valeurs en cours et en
perpétuelle redéfinition (politique des corps, mixité, codes vestimentaires, enseignements), ou des enjeux économiques liés à la « chose religieuse » (marché halal, tourisme religieux, tensions concernant le tourisme balnéaire, politiques patrimoniales, secteur de la banque islamique), les références religieuses se multiplient dans les
sociétés contemporaines du Maghreb, au risque d’être parfois perçues comme surdéterminantes. Cette référence religieuse, principalement musulmane, se construit de paire avec l’émergence et le développement du pluralisme religieux qui contribue à réinterroger l’homogénéité religieuse et identitaire de pays qui se sont construits, au sortir des indépendances, dans un déni de la diversité, autour d’une identité musulmane unique et homogène qui relève dans une large part de « l’invention ». A cet idéal structurant d’une identité nationale et religieuse unique correspond celui d’une homogénéité linguistique arabe.
C’est ainsi que les mouvements berbères comme le développement des conversions au protestantisme évangélique (qui vont parfois de paire), mettent à mal l’idée simpliste et anhistorique d’un tout musulman, quand bien même la présence musulmane est et demeure prédominante. Ce pluralisme religieux est instillé d’une part, par la
migration entrante et l’installation de fidèles chrétiens en provenance d’Afrique subsaharienne et d’autre part, par des transformations internes à la société, tel que les conversions religieuses (en direction, notamment, du protestantisme évangélique, du chiisme, du bahaïsme) ainsi que le développement de spiritualités néo-orientales et de l’athéisme ou encore d’une sortie du religieux. Face à cette relative complexification du tableau religieux au Maghreb, la gestion de la diversité religieuse dans ses conséquences symboliques (fissure d’une image d’une société totalisante, impression de crise des valeurs) et pratiques (quel régime juridique appliquer à des fidèles de confession différentes alors que le droit, certes a-religieux, a été écrit et pensé à partir d’une situation musulmane ?) quel rôle peuvent jouer les sciences humaines et sociales ?
Notre ambition est de proposer une analyse des sociétés maghrébines et des changements religieux qui les traversent en se fondant sur les savoirs faires des diverses disciplines et sur les comparaisons qu’elles permettent. En effet, la gestion de la diversité religieuse et l’émergence de revendications de la part de fidèles d’obédiences différentes apparaissent comme une problématique partagée en Méditerranée, au Nord, au Sud et à l’Est, et les historiens, anthropologues et politistes se saisissent de ces questions avec les outils et les méthodes qui leur sont propres.
Notre souhait d’organiser un atelier doctoral méditerranéen réunissant des doctorants du Maghreb, d’Europe et du Machreck découle d’un constat. L’offre des formations universitaires proposée autour de la Méditerranée concernant l’étude des faits religieux en SHS est très inégale en fonction des régions, aboutissant à des déséquilibres
importants.
L’IRMC
, fort de sa position d’observateur du Maghreb contemporain depuis 26 ans, associé à l’IDEMEC, laboratoire du CNRS spécialisé en ethnologie sur l’Europe et la Méditerranée, et à l’Université de La Manouba, propose d’organiser un atelier doctoral et des séminaires pour des doctorants du Nord et du Sud de la Méditerranée, encadrés par des spécialistes reconnus des questions religieuses en SHS. Le but sera de mettre en commun des compétences et des connaissances afin de favoriser des synergies et de familiariser les doctorants à des outils théoriques et méthodologiques forgés dans des disciplines auxquelles ils n’ont pas été confrontés.
Programme:
Pendant les trois premiers jours, l’école doctorale se déroulera en séances fermées (matin et après-midi) avec 18 doctorants de toutes les disciplines des SHS travaillant sur le religieux, dans une acception large, et 6 encadrants, chercheurs et enseignants chercheurs universitaires français, tunisiens, algériens et marocains lors de laquelle les doctorants présenteront leurs travaux et bénéficieront des questions et conseils de l’ensemble des participants.
La quatrième journée sera consacrée à un travail bibliographique soutenu : il sera question de présenter des nouveaux ouvrages, des ouvrages et revues de références sur le champ des études religieuses le matin, et de former aux techniques de recherches bibliographique l’après-midi. La journée se terminera par une conférence d’un « grand
témoin » du champ d’études. La cinquième et dernière journée se déclinera en une visite de la géographie religieuse de la ville (Tunis) grâce au concours d’historiens et architectes spécialistes qui mèneront les étudiants à la mosquée de la Zitouna, à la Cathédrale de Tunis et à la grande Synagogue.
En bref, cet atelier doctoral abordera de front les questions méthodologiques qui se posent aux doctorants et aux chercheurs sur ces sujets perçus comme sensibles et devenus des enjeux de sociétés qui font débat… voire effraient.
L’approche se veut résolument pluridisciplinaire pour permettre aux jeunes chercheurs de se familiariser avec l’ensemble des analyses mobilisables pour l’étude des faits religieux. Par ailleurs, cette école ambitionne de décloisonner les bibliographies spécialisées pour offrir à tous des outils concrets qui enrichiront leurs pratiques.
NB:
Cet événement scientifique se déroulera à Tunis du 9 au 13 décembre 2019. Les frais relatifs au trajet jusqu’à Tunis ainsi que les frais de séjour sur place pendant ces 5 jours et 6 nuits sont pris en charge.